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L’école des Montquarts

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Dès la fin du XVIIe siècle, le Prieur de Chamonix met en place, dans chaque dymerie de la vallée, de petites écoles presbytérales tenues par des ecclésiastiques ou, plus rarement, par des régents laïcs. Ainsi, la dymerie des Montquarts dispose-t-elle très tôt de sa « maison d’école ». Elle regroupe, pendant la saison d’hiver, tous les écoliers des environs. Ceux-ci doivent y apprendre à tenir efficacement leurs livres de raison, leurs comptes ainsi que toutes les affaires importantes qu’ils auront à traiter.

Diaporama de l’article

  • Légende photo :

    1855 : l’école de l’Ancien Régime mêlait calcul et catéchisme

  • Légende photo :

    Située à côté de la chapelle, la Maison Loye louait une pièce pour accueillir les écoliers

  • Légende photo :

    L’école de la république construite en 1891

  • Légende photo :

    Porte d’entrée avec imposte

  • Légende photo :

    Le journal de l’école des années 1950 avec M. Désailloud, instituteur

    « Il n’y a pas d’obligation scolaire véritable mais le prieur incite dans ses prêches à envoyer les enfants à l’école. La confrérie de la chapelle des Montquarts se charge du salaire, très bas d’ailleurs, des régents, les élèves apportant de quoi chauffer le local. »

    Bien que se déroulant dans des locaux non affectés – chez le régent, dans une salle du presbytère, etc. – l’enseignement donné aux enfants est plutôt de bonne qualité. Au programme : calcul, lecture, latin…

    Les multiples péripéties de la fin du XVIIIe siècle viendront perturber considérablement ce fonctionnement. Tout d’abord, la Révolution Française viendra abolir, en même temps que tous les privilèges qu’elle estime abusifs, cet avantage qu’ont nos petits écoliers de pouvoir recevoir quelque instruction. De 1794 à 1804, l’école est fermée. Avec le Premier Empire l’instruction publique sera rétablie. Mais les familles doivent alors s’acquitter d’une part de la rémunération attribuée au régent. Quelques années plus tard, la Restauration Sarde restructure à nouveau l’enseignement qui est alors dispensé gratuitement par les ecclésiastiques mais demeure sous contrôle de la Royauté.

    Après l’Annexion, l’éducation des enfants entre définitivement dans le giron de l’administration française. Aux Montquarts, l’école accueille tous les enfants des environs, des Pèlerins à Taconnaz, sous la baguette d’un nouveau maître d’école, Nicolas Guillot. On note, sur les registres de l’époque, plus de quarante élèves dont les familles paient pour donner un enseignement à leurs enfants : 1,75 fr. par trimestre. Le régent, qui donne ses leçons dans son propre domicile, reçoit une rémunération de l’ordre de 600 fr. par an.

    Quelques années plus tard, à partir de 1875, nous retrouvons les écoliers des Bossons en classe dans la maison de Pierre Loye. En effet, un bail est passé entre ce dernier et la commune et des locaux sont officiellement affectés pour loger les élèves et leur maître. C’est Joseph Picandey et ses 59 élèves qui inaugurera cette « maison d’école (qui) est dans un état convenable (et dont) le loyer se monte à 140 francs pour une salle de classe de 39 m2 orientée sud-ouest et comportant 3 fenêtres mais dans laquelle le mobilier est en mauvais état et le matériel vraiment insuffisant ».

    En 1880-81, l’effectif scolaire est tombé à trente-neuf élèves et l’instituteur se nomme Siméon Veillard.

    En 1883, on applique les lois Jules-Ferry : Eugène Guérard, seul instituteur pour près de 70 enfants, voit avec soulagement son école se dédoubler en deux classes. Lui-même gardera les garçons et Adèle Balmat, nouvelle régente, s’occupera des filles. L’école devient obligatoire, mais aussi libre et gratuite… Un progrès considérable dans bon nombre de campagnes où les enfants, faute de moyens pour recevoir une quelconque instruction, étaient très souvent analphabètes.

    Mais les lois Jules-Ferry vont plus loin et entraînent, de façon générale et massive dans toute la France, la construction de maisons d’école, bâtiments publics réservés à l’enseignement primaire. Dans la vallée de Chamonix, entre 1886 et 1890, se construisent toutes les écoles de hameaux : outre l’école des Montquarts, on verra d’ériger, l’une après l’autre l’école des Pèlerins, celle du centre, celle des Praz, celle des Tines, celle des Grassonnets, celle d’Argentière, celle de Montroc et celle du Tour ! Un architecte de Bonneville se voit confier l’ensemble du marché et réclame au Conseil Municipal, une somme de 60 francs pour le remboursement de ses frais de voyage « étant donné la grande distance qui sépare Bonneville de Chamonix ».

    Les écoles sont construites sur le même modèle, soit simple s’il n’est prévu qu’une classe, soit double si l’on estime qu’il en faut deux. Aux Montquarts, comme partout ailleurs, on trouvera en rez-de-chaussée la salle de classe flanquée de son vestibule avec porte-manteaux et lavabos. Le logement de l’instituteur se trouve au-dessus : une cuisine, une chambre et une salle à manger. Le grenier et la cave – dont certains élèves se rappellent avec acuité l’obscurité et le charbon ! – complètent l’ensemble du bâtiment, simple et fonctionnel auquel on a ajouté une cour de récréation avec préau et latrines en plein air…

    La construction de l’école des Montquarts fait apparaître, au 19 août 1891, un décompte de 26 252 francs.

    Le mode de fonctionnement des classes changera à partir de 1910 avec la création des classes enfantines. On choisit alors la mixité des classes en regroupant les « grands » sous la houlette du maître et les « petits » sous celle de la maîtresse.