Le paysage se veut mystérieux, énigmatique, figé dans un autrefois lointain nimbé de brumes. Les crêtes des montagnes et les surfaces gelées des glaciers, réhaussées de blanc, répondent à la douce clarté émanant de la lune. Les versants se hérissent de résineux fantomatiques, arbres tombés et branches cassées, et nous renvoient à une forêt primitive où l’homme n’aurait pas encore pénétré. Lumineux et pur, ce tableau s’inspire des origines pour créer le mystère et le sublimer.
Revisitant les techniques de dessin au fusain ou à l’encre, l’artiste nous rappelle certains dessinateurs et graveurs des XVIIIe et XIXe siècles : Jean-Antoine Linck proposait des sépias sombres réhaussés de craie blanche ; Johann-Ludwig Bleuler composait une aquarelle du pont St Martin la nuit avec des camaïeux de bleus ténébreux où il accrochait, parfois, un rayon de lumière passager. Ici, l’outremer monochrome le plus pur nous accompagne au plus profond de cette nuit de pleine lune.
« Ce qui est le don le plus précieux d’un paysagiste, l’émotion devant la lumière » (Kenneth Clark : l’art du paysage)