T comme Tussilage ou Tacounet
RUBRIQUE : La nature, Les gens d’ici

Les avez-vous vus sur les bords des routes ? Brandissant courageusement leurs petits soleils jaunes d’or, les tacounets ou tussilages ont tellement hâte de se montrer qu’ils n’attendent même pas que la neige soit fondue.

La neige est à deux pas…

Splendeur des petits capitules

Courtes tiges écaillées

Feuilles caoutchoutées comestibles

Les feuilles en forme d’empreinte de pas d’âne…
On les nomme aussi « Fils avant le père », car les fleurs poussent avant ses feuilles. De nature facile, elles se contentent des terres pauvres, des talus, des bas-côtés ou des tas de terre abandonnés ainsi que le confirme le dicton : « Terre à taconet, laisse-la où elle est ; terre à renoncule rampante, achète-la si tu peux.«
À la fin de l’hiver, dès que l’air se fait un peu moins vif, les tiges écailleuses déploient un capitule doré là où la neige vient de se retirer et, ainsi, parsemer de mille petites taches jaunes le sol inculte. Une fois les fleurs fanées, au début de l’été, émergent les larges feuilles à bordure écaillée.
Tacounets ou tussilages : les deux noms sont employés dans la vallée pour désigner cette petite fleur discrète, pionnière des terres stériles, une des premières à lever la tête après l’hiver. On l’appelle également « pas-d’âne » ou « pas-de-cheval » à cause de la forme de la feuille, caoutchouteuse dessus et cotonneuse dessous, pouvant évoquer leur empreinte dans la terre. Mais sa bordure dentelée pourrait également lui avoir donné son nom patois : tacounet, de l’ancien français takko signifiant dentelure.
Insignifiante petite fleur, les habitants en tiraient pourtant autrefois de nombreux bénéfices.
« Herbe à toux », « chasse-toux », ses vertus expectorantes et adoucissantes ont fait leur preuve depuis l’antiquité. Utilisée comme antitussif, anti-inflammatoire et antispasmodique dans la médecine traditionnelle, on la mélange au miel pour confectionner de délicieuses tisanes. On peut aussi utiliser feuilles et capitules pour remplacer le tabac, ainsi que H.B. de Saussure le mentionne en 1790, en guise de tabac à fumer, précisant qu’ils sont préférables à l’arnica.
Comestibles, fleurs et feuilles proposent de délicieux arômes et peuvent être ajoutées à la salade. Les feuilles sont cuites en légumes dans les Balkans et utilisées pour la fabrication du ratafia en Catalogne…