Au Musée Marcel Wibault
La peinture, Les gens d’ici, Lieu de mémoire
C’est à Besançon, où il naît en 1904, que le jeune Marcel Wibault croque ses premières esquisses, d’abord sur ses cahiers d’écolier, puis, encouragé par son père, à l’Ecole des Beaux Arts. Sa jeunesse fougueuse l’emporte bientôt sur les routes de France qu’il parcourt à vélo, avec ses amis. On le voit très souvent prendre la direction de la montagne, et notamment de l’Oisans, massif qu’il chérit particulièrement et où il aime marcher. Il y retrace, sur la toile, quelques-unes de ses plus belles couleurs, quelques-uns de ses plus beaux reflets.
Diaporama de l’article
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Expo 2001 : Marcel Wibault, peintre à Chamonix – Le Mont de Servoz
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Expo 2002 Œuvres peintes en haute montagne – Plateau de Bellevue
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Expo 2003 : Visages et expressions – La soupe des enfants
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Expo 2004 : Chalets et hameaux de montagne – Les javelles à Argentière
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Expo 2005 : Hautes montagnes, ombres et lumières – Depuis le Col des Grands Montets
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Expo 2006 : De Besançon à Chamonix, parcours d’un peintre de montagne – Traîneau à Chamonix
En 1936, ses escapades montagnardes le conduisent à Chamonix. Coup de foudre pour la vallée : c’est là qu’il veut s’installer pour peindre. Une petite chambre modeste, du côté des Mouilles, lui sert de refuge. Il y déploie son chevalet et commence à travailler, obtenant assez rapidement satisfaction de son travail. Ses toiles plaisent. Il peint la nature, il peint les montagnes de Chamonix, les fleurs de la vallée. On le voit partir au petit jour, sac au dos, grimper sur quelque sommet ou s’asseoir au bord d’un glacier pour transcrire sur sa toile la splendide lumière du matin sur les cimes. «Alpenrose», la rose des Alpes : c’est ainsi qu’en langage germanique on nomme le rhododendron. C’est aussi le joli nom qu’a choisi Marcel Wibault pour baptiser le chalet qu’il construit, à partir de 1943, dans ce secteur des Mouilles qu’il affectionne particulièrement. Nichée à l’abri de la formidable muraille des aiguilles de Chamonix, la petite maisonnette est bâtie et décorée par son propriétaire : frises, décors, sculptures, motifs… mettent en valeur le bois sombre des murs, les poutres et solives, les plinthes et les plafonds.
Construit d’abord pour abriter sa famille, le chalet de Marcel Wibault abrite également son atelier, aménagé au premier étage. Quand les beaux jours finissent, c’est là qu’il peint. Des montagnes, bien sûr, dont il a capté les ombres bleues et froides et les arêtes étincelantes de clarté. Des lacs aux reflets tour à tour moirés ou irisés, de sombres forêts, l’émeraude des glaciers… Et encore la délicate corolle outre-mer des gentianes ou le velours de l’anémone… Mais il peint également, en géologue averti, le granit et le gneiss, les schistes et les veines de quartz. Parfois, sa palette immortalise une scène de la vie quotidienne, un repas autour d’une fondue… Mais il n’oublie jamais sa première passion : les petits soldats, ceux-là même qu’il dessinait, de façon parfois maladroite, sur des feuillets d’enfant. Avec la précision d’un historien, il les fait renaître sous son pinceau, les assemblant en formations armées, créant de véritables saynettes de la vie militaire… Il n’est guère possible de parler de la réussite de Marcel Wibault sans évoquer la mémoire de son épouse, Marguerite Mercier. À Chamonix, on se rappelle avec émotion l’élégante femme qui, faisant fi des conventions, se range avec ostentation aux côtés de son artiste de mari, le seconde, l’aide dans ses démarches, l’encourage à peindre et à peindre encore, lui servant même de chauffeur lors de ses déplacements d’un côté à l’autre de la vallée. Grâce à ce travail acharné, Marcel Wibault se constitue une clientèle assez prestigieuse parmi laquelle on notera celle du Prince Rainier de Monaco ainsi que celle de notables de la Cour des Pays-Bas. Choisi, parmi les plus typiques et les plus belles des demeures chamoniardes, le chalet accueille, en 1957, M. Dag Hammarksjoeld, secrétaire général de l’O.N.U., plus connu sous le nom de M. H., en visite à Chamonix. C’est dans ce modeste, mais néanmoins magnifique chalet de montagne que Marcel Wibault a travaillé et vécu.
L’association «La mémoire de Marcel Wibault» a souhaité que ce lieu continue de vivre. Chaque saison le public peut venir y admirer, comme autrefois dans l’atelier même du peintre, les œuvres d’un artiste Chamoniard humble, mais de grand talent. Anciennes ou récentes, les toiles sont exposées tour à tour, illustrant des thèmes choisis par les organisateurs.Les huiles de montagne révèlent au visiteur de magnifiques instantanés de Marcel Wibault. En effet, il lui arrivait souvent de travailler à la façon des photographes d’aujourd’hui, se mettant à l’affût d’une impression, d’une lumière, d’une ligne furtivement dévoilée par un coup de vent. Perché sur une vire, les doigts engourdis de froid et le chevalet secoué de rafales, il a ainsi pu mettre en valeur ces effets naturels si particuliers et si beaux. Nous avons, année après année, retrouvé ses magnifiques œuvres d’art dans l’atelier du peintre, à leur place ! Elles ont orné à nouveau les sombres lambris du chalet où, l’hiver venu, Marcel Wibault installait son chevalet. Nous avons pu les contempler à loisir, dans l’intimité de cet intérieur où l’artiste se plaisait également à sculpter et à ciseler les portes, les dossiers de chaises ou les poutres de son plafond à caissons, découvrant, dans une niche, une petite vitrine abritant de naïfs petits soldats de plomb, miniatures moulées et peintes par l’artiste !
Au public amateur d’art, nous ne pouvons que conseiller de suivre les recommandations que donnait déjà, en 1956, le journaliste Gérard Couttet dans les colonnes du «Progrès de Lyon» : Mais si, un jour de pluie, déambulant dans les rues de Chamonix, vous cherchez une occupation, nous vous recommandons une visite au chalet «Alpenrose», car, mieux encore qu’un atelier de peintre, vous y trouverez un musée. Ce chalet, dont M. Wibault a fait lui-même les plans, avec ses colonnes de bois sculptées, ses fleurs gravées et peintes, ses volets aux couleurs originales, vous indique dès l’extérieur que ce n’est pas un chalet comme les autres.