F… comme Fis – Vos rues de A à Z
RUBRIQUE : La neige, Le ski, Les remontées mécaniques
Rien à voir avec la chaîne des Fiz, ces montagnes calcaires se dressant au-delà des Aiguilles Rouges ! La route de la Fis, à Argentière, s’écrit F.I.S. et nous rappelle un passé assez proche, celui des Jeux Mondiaux de 1937 organisés par la Fédération Internationale de Ski.
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1937 Slalom gagné par Emile Allais
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1947 – Le téléski de la Fis qui sera remplacé par un télésiège jusqu’en 1970
Rien à voir avec la chaîne des Fiz, ces montagnes calcaires se dressant au-delà des Aiguilles Rouges ! La route de la Fis, à Argentière, s’écrit F.I.S. et nous rappelle un passé assez proche, celui des Jeux Mondiaux de 1937 organisés par la Fédération Internationale de Ski.
La Fis regroupe alors dix-huit nations (contre quatorze, lors de sa fondation en 1924) : Allemagne, Autriche, Canada, Etats-Unis, Finlande, France, Grande-Bretagne, Grèce, Hollande, Hongrie, Italie, Norvège, Pologne, Suède, Suisse, Tchécoslovaquie, Yougoslavie.
À l’époque, les organisateurs voient grand et le calendrier est chargé : après la journée d’accueil et les traditionnelles cérémonies d’ouverture, on prévoit dix jours, du mardi 12 au jeudi 18 février, pour les épreuves sportives : ski de fond relais (quarante kilomètres), descente, saut, slalom, fond (dix-huit kilomètres), patrouille militaire, saut combiné, et grand fond (cinquante kilomètres).
Par ailleurs, en avant-première de ces épreuves internationales, on souhaite organiser les championnats de France universitaires : les 1er, 2 et 3 février, ainsi que les championnats de France, du 4 au 9 février, avec la fameuse “Coupe Montefiore”
En recensant les hôtels, on compte deux mille huit cents lits pour loger les quelque six cents officiels et concurrents ainsi que les nombreux touristes attendus. Il est vrai qu’une réduction de 50 % est accordée sur les chemins de fer français aux voyageurs qui viendraient à Chamonix pendant cette période et des correspondances seront établies avec Lausanne, Montreux et Milan. Par ailleurs, le petit train circulera en “navette” entre Chamonix et les Bossons les jours du concours de saut : près de huit mille voyageurs pourront ainsi se rendre au pied du tremplin où les attendent de nouvelles tribunes.
Une souscription, “Les Amis de la Finlande” est ouverte pour recueillir les trois mille francs qui permettront à cinq athlètes finlandais de participer à ces Jeux Mondiaux.
Dès l’été 1936, les préparatifs commencent.
Les départs et arrivées des épreuves de fond sont prévues près du Télé-Ski, c’est-à-dire aux Champs du Savoy où on aménage barrières, mâts de pavoisement et autres constructions provisoires. La piste de la Para est choisie pour la descente. Des travaux de défrichement permettent de dégager une vaste aire d’arrivée près du chalet Jacques-Balmat tandis que, au départ, on construit une cabane sur l’emplacement des ruines de Pierre Pointue pour abriter les coureurs et les chronométreurs.
Dans les rues de Chamonix, on prévoit trois hauts parleurs pour diffuser résultats et autres péripéties des courses. La nouvelle poste achevée le 16 décembre 1936, s’équipe de cinquante-huit circuits téléphoniques pour relier, en radio diffusion, Strasbourg pour la Bavière, l’Autriche et l’Europe centrale ainsi que Nancy, relais vers les pays du Nord.
Le service médical est assuré par deux chirurgiens des hôpitaux de Lyon et Grenoble et trois médecins.
Le 10 octobre, les travaux de la piste de slalom, dont le départ a été situé au niveau du deuxième pylône du téléférique de Planpraz, sont à peine commencés. Il est vrai qu’ils ont été repoussés à la fin de l’été en raison de l’affluence des touristes qui fréquentent le Plan des Chablettes où se trouve un pavillon (buvette-restaurant).
Au début décembre, on assiste aux premières chutes de neige, particulièrement importantes, causant de gros dégâts sur les lignes téléphoniques, les arbres… Devant cet état de fait, et afin d’éviter l’embouteillage qui est fort à craindre dans ces grandes manifestations, les organisateurs demandent à l’ingénieur des Ponts et Chaussées de faire un gros effort pour que le déneigement des routes soit optimum : pas de talus de neige sur les bas-côtés et le long des trottoirs, stationnement des voitures interdit dans les rues de Chamonix. Le 29 janvier, un compte-rendu de réunion d’organisation révèle un manque total de neige et le 10 février 1937, le comité FIS fait savoir que les épreuves de descente se disputeront aux Houches.
C’est sur les pentes dominant à gauche la route nationale, à la sortie nord d’Argentière, qu’on décide, au dernier moment, de courir le slalom. Tous les bras disponibles se mettent à l’ouvrage et le Club des Sports M.A.P. (Montroc-Argentière-Le Planet) facturera la bagatelle de 8 313 heures de travail pour la préparation de la piste. Pas de remontée mécanique, les concurrents montent à pied !
Avec la victoire au slalom, Emile Allais empoche la victoire du combiné chez les hommes, tandis que, chez les femmes, Chrystel Cranz s’arroge le même doublé. N’oublions pas que ces épreuves ne sont autorisées aux femmes que depuis l’année précédente… 1936.
La piste de ski de La Fis est née. Un téléski (très rapide) y est bientôt implanté, assez vite remplacé par un télésiège qui fonctionne en hiver et en été jusqu’en 1970.