La villa de la Tournette
Lieu de mémoire
Appelée Villa des Améthystes puis villa de la Tournette, ce bâtiment original est aujourd’hui devenu la Maison des Artistes.
Nous sommes en 1926, la Grande Guerre est enfin terminée. Après de longues années de souffrances, d’absences et de deuils, Chamonix soigne ses « gueules cassées » et ses « gazés« . Pourtant, le temps de la résilience est là. Derrière l’avenue de la gare, rive gauche de l’Arve, un immense parc arboré attire les visiteurs : c’est le parc du Couttet. D’auberge et pension familiale, le parc du Couttet voit s’édifier le luxueux bâtiment du « Grand Hôtel Couttet et du Parc » construit par François Couttet dit Baguette, guide mais surtout hôtelier comme ses cinq enfants.
L’article en images
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Porte d’entrée
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Charpente de toit
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Le bar, désormais concession communale
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La scène
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La Grande Guerre terminée, ses deux fils Jules et Joseph se lancent. Nous sommes entrés dans la période des « Années Folles » où l’on veut tout oublier d’un passé décidément trop traumatisant. Il faut vivre, vite et bien, quel qu’en soit le prix, quelles qu’en soient les folies !
L’architecte lyonnais Debry est contacté pour imaginer et construire cette villa aux formes atypiques, bâtie sur un fondement plus ou moins hexagonal et qui s’élève en une haute pyramide de cinq étages où sont distribuées de douillettes chambres… sans le moindre angle droit pour loger une armoire classique. Le bâtiment repose sur une base de granit et les façades du rez-de-chaussée, parfois en retrait, s’abritent sous une galerie constituée d’une élégante et fine colonnade en bois. Les chaînons d’angle et les pourtours de fenêtres sont constitués de pièces de granit.
Le plus étonnant reste la composition des trois étages supérieurs, tous rassemblés sous une drôle de toiture. Ces étages sont éclairés par des lucarnes rentrantes ou de petites terrasses percées dans le toit et protégées par des « casquettes« , les ouvertures rapetissant au fur et à mesure que l’on monte vers la pointe sommitale.
Ce style original, aurait été très utilisé par l’architecte Paul Charbonnier, connu dans les milieux de l’Art Nouveau à Nancy.
Tout en haut, la magnifique charpente, visible de l’intérieur et digne d’un clocher pointu, est protégée par un épi de faîtage original où on a choisi de faire tourner, en guise de girouette, deux skieurs de fond, clin d’œil à l’époque de l’arrivée du ski à Chamonix.
À deux pas du centre-ville et de la gare, sertie d’un parc arboré extraordinaire, la belle villa Art Nouveau passera de propriétaire en propriétaire, y compris Monsieur Maurice Herzog, ancien maire de Chamonix. En 2000, la commune de Chamonix use de son droit de préemption et se rend acquéreuse de ce bâtiment « Monument Historique » qui deviendra la Maison des Artistes, résidence dédiée à la création musicale. « Reprise en état de ruine au milieu d’un parc laissé à l’abandon, la villa a fait l’objet d’importants travaux : gros œuvre, étanchéité, charpente et couverture, menuiseries extérieures, volets roulants, serrurerie et garde-corps. Parallèlement, la municipalité a procédé à l’aménagement du splendide parc de la Tournette. » Après la procédure administrative d’appel à projet, la proposition de « Maison des Artistes » formulée par André Manoukian, organisateur du Cosmo Jazz Festival est apparue comme la plus intéressante, le but étant de voir émerger un projet à la hauteur de ce lieu, à la fois culturel et historique.
« Depuis août 2020, la Maison des Artistes est devenue une Société Anonyme d’Economie Mixte Locale. Aux côtés de la ville de Chamonix, actionnaire majoritaire, on retrouve André Manoukian et Pascal Armand, tous deux présents à l’origine du projet. »
Travailler avec les artistes locaux, les associations de la Vallée, faire bénéficier au plus grand nombre des aménagements de haute technologie en place…
La magnifique villa bientôt centenaire saura être à l’écoute de tous…