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Le bisse du Trient

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Bief ou bédière à Chamonix, ru en Val d’Aoste, rais ou en Tarentaise, bisse en Valais, la montagne était autrefois sillonnée de ces petits cours d’eau canalisés depuis leur captage et détournés de leur lit principal vers d’autres destinations.

L’article en images

  • Légende photo :

    Le torrent bouillonnant du Trient, autrefois pris dans la langue glaciaire.

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    Le bisse canalisé dans de solides rigoles de bois

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    Un wagonnet, rescapé de la voie Decauville mise en place pour descendre les blocs de glace.

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    Quand le bisse se promène tranquillement à l’air libre.

    Bief ou bédière à Chamonix, ru en Val d’Aoste, rais ou en Tarentaise, bisse en Valais, la montagne était autrefois sillonnée de ces petits cours d’eau canalisés depuis leur captage et détournés de leur lit principal vers d’autres destinations.

    Leur appellation sont issues de l’ancien français biez (canal), ou de la racine latine ru (ruisseau). Source d’énergie, leur eau fait tourner les multiples moulins et foulons. Source de vie, elle est parcimonieusement distribuée aux cultures, aux prairies, comme le bisse du Trient de nos voisins valaisans dont le tracé a été récupéré sur un précédent chemin de transport de la glace.

    Il était une fois… le glacier du Trient. Formidable masse, ce glacier s’alimente des neiges abondantes en altitude sur le plateau du Trient, en arrière des Aiguilles du Tour. Au XIXe siècle, le front glaciaire arrive alors, au plus fort de la crue, au niveau de l’actuelle buvette. Par ailleurs, Paris, Lyon, Genève… les grandes villes se développent et ont besoin de garder leurs produits alimentaires au frais. Les glaciers vont faire office de réfrigérateurs.

    Dès 1865, un certain Maurice Robatel, nanti d’une autorisation exclusive d’exploitation de la glace du glacier du Trient, se lance dans l’entreprise avec une trentaine d’ouvriers. Un chemin d’accès au front glaciaire est bientôt ouvert depuis le col de la Forclaz. De faible dénivellation, le sentier court dans la forêt, traverse couloirs d’avalanches et ressauts rocheux pour rejoindre, deux à trois kilomètres plus loin, le lieu d’exploitation envisagé. Une cabane (future buvette) y est construite pour abriter les ouvriers, le travail peut commencer. Les gros blocs de glace taillés dans la masse glaciaire, sont équarris puis glissés grâce à une rize (goulotte de bois) jusqu’au chemin d’où ils seront transportés à dos d’homme au col de la Forclaz.

    En 1883, Maurice Robatel s’associe à son beau-frère, Claudius Bompard, pour améliorer son entreprise. Le profil du terrain s’y prête, une voie Decauville est bientôt mise en place sur tout le parcours du chemin. Posés sur les rails, des wagonnets font désormais la navette, emplis des blocs de glace que l’on protège de la chaleur avec de la paille, jusqu’au col où les précieux chargements prennent place dans des charrettes en direction de la gare de Martigny.

    L’exploitation perdure pendant une dizaine d’années avant d’être abandonnée, trop peu rentable.

    Dès 1895, cet accès délaissé semble tout tracé pour certains agriculteurs locaux à la recherche de moyens d’irrigation de leurs terres. Les cultures céréalières ont été remplacées par des prés de pâture plus gourmands en arrosage. Le glacier du Trient a fourni de la glace, il va désormais fournir de l’eau.

    S’associant en consortage afin de gérer au mieux cette manne providentielle, ces agriculteurs vont profiter de la faible déclivité et de la largeur suffisante du chemin pour y creuser un canal qui amènera l’eau bienfaitrice depuis les torrents émissaires du glacier. Parfois s’écoulant tranquillement à l’air libre, parfois sous buse, parfois dirigé dans de solides rigoles de bois, le cours d’eau est équipé d’étanches qui, de loin en loin, permettent de réguler le débit du courant. Le bisse distribuera ainsi, de façon précise et mesurée, l’eau sur les prés et les champs de la Combe de Martigny.

    Sources :

    https://www.trient.ch/tourisme/randonnees/le-bisse-de-trient