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Destination Argentière

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Le succès du chemin de fer est total. Equipement de transport fabuleux, tant pour les voyageurs que pour les marchandises, il fait l’unanimité et, gens du pays comme touristes, chacun n’aspire qu’à son plus grand développement.

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    Construction de la voie ferrée

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    La vallée depuis la Joux

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    Les Tines, la gare et l’hôtel de la Forêt à droite

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    Argentière, la cour de la gare et le glacier en arrière-plan

    Aussi n’est-il pas surprenant de constater, qu’après trois années seulement de fonctionnement estival entre le Fayet et Chamonix, la demande soit réitérée pour un fonctionnement hivernal. Le ministre des Travaux Publics, Pierre Baudin avait répondu au député Emile Chautemps, en décembre 1901 « qu’il y aurait danger à le faire parce que la formation de verglas sur le rail conducteur produit l’effet d’un isolant qui peut empêcher l’énergie électrique d’arriver aux dynamos motrices et provoquer la dérive des trains. En même temps, sur les rails porteurs et sur le rail central, le verglas paralyse l’action des freins au moment où leur office est le plus nécessaire ». Mais ses craintes se sont vite avérées infondées après la mise en service d’étraves chasse-neige.

    Dans ce contexte, le prolongement sur Argentière ne tarde pas et cette portion s’ouvre dès le 25 juillet 1906, soit à peine 5 ans après Chamonix et la même année que la ligne Martigny-Châtelard.

    Après étude, la Cie P.L.M. abandonne le projet de deux usines hydro-électriques qui auraient bénéficié, l’une des chutes d’eau de l’Arve au niveau des Tines, et l’autre du courant de l’Eau de Bérard au niveau du Buet. Ce sont donc deux sous-stations, aux Iles et au Morzay, alimentées toutes deux par l’usine des Chavants, qui fourniront l’électricité aux deux nouveaux tronçons.

    La construction de la voie ferrée sera, comme en aval de Chamonix, jalonnée de divers problèmes. Par exemple, les habitants des Mouilles souhaitent un passage à niveau qui ne les gêne pas dans leur travail agricole quotidien. Il en est de même aux Coverays et aux Tines où certains habitants expriment leur mécontentement, obligés qu’ils vont être, à cause de la construction de la voie ferrée, de faire faire à leur troupeau un large détour !…

    Entre les Praz et les Tines, les remblais sont extraits, comme aux Gaillands, d’une vaste excavation bientôt mise en eau et qui deviendra… un magnifique petit lac de montagne.

    Dans chaque village, la gare voit pousser, comme des champignons autour d’elle, petits et grands hôtels à destination des touristes.

    « Au sortir de Chamonix, on laisse le bourg à gauche, puis on franchit l’Arveyron, descendu à droite du glacier des Bois et de la Mer de Glace, celle-ci encadrée à droite des pentes du Montenvers et à gauche des aiguilles du Dru et de l’Aiguille Verte.

    Les Praz-de-Chamonix : hameau de Chamonix dans une très jolie situation entre l’Arve et l’Arveyron. Comme les Bossons, les Praz situés à 2 km 5 de Chamonix sont une sorte d’annexe de Chamonix. Hôtels : Regina (1er juin-1er oct.) ; National (fin mai-1er oct.) (70 chambres) ; Splendid-Hôtel (été et hiver) (50 ch.) ; Du chalet des Praz (toute l’année) ; de la gare. Les Praz tendent à devenir une sorte de dépendance de Chamonix, moins envahie par la foule. Départ des excursions de la mer de Glace et de la Flégère. Village des Bois.

    Les Tines : près des forêts de sapins, à l’extrémitié N-O de l’ancien bassin lacustre sensiblement horizontal qui occupe le bas de la vallée de Chamonix, depuis les Houches jusqu’aux Tines. Les Tines sont le point de départ du chemin de fer à crémaillère en projet de la Mer de Glace par le Chapeau et le Couvercle. Hôtels : Excelsior (15 juin-30 sept.) ; de la gare (toute l’année) ; de la mer de Glace (Toute l’année) ; de la Forêt. Au Lavancher : Beau Séjour (15 mai-30 sept.).

    La voie franchit l’Arve sur un viaduc dans une pittoresque situation et l’on passe en tunnel sous les pentes abruptes de la Flégère qui forment la rive droite de la gorge des Tines (tonneaux, marmites, dont le nom vient des marmites de géants creusées par les eaux). Tunnel. La voie remonte la gorge.

    On laisse à droite le Lavancher, dans une situation très fraîche en vue du bassin d’Argentière, sur le sentier du Chapeau et du Mauvais Pas. La voie débouche dans le bassin supérieur de la vallée de Chamonix, au milieu de prairies très verdoyantes bordées de bois, puis cotoie un peu au-dessus du talweg les forêts de sapins qui tapissent les pentes E. des Aiguilles Rouges. On laisse à droite une station transformatrice d’électricité de la ligne et l’hôtel du Grassonnet. A droite vue splendide sur l’Aiguille Verte, la trouée du glacier d’Argentière et l’Aiguille du Chardonnet. On franchit la route de Chamonix au Châtelard et à Martigny.

    Argentière : la voie franchit l’Arve en face de la chute du glacier d’Argentière dont on voit distinctement la grotte terminale, puis le torrent d’Argentière. Elle remonte en forte pente au flanc d’une ancienne moraine des glaciers d’Argentière et du Tour boisée de mélèzes (au-dessus, grand hôtel du Planet) et d’où la vue est admirable sur la vallée de Chamonix, l’Aiguille Verte et le Dru, au-delà la chaîne des Aiguilles et le Mont-Blanc, dans le fond. On laisse à gauche la route du col des Montets. Après un contour vers la droite on entre dans la partie haute et terminale de la vallée de Chamonix. On franchit l’Arve sur un viaduc haut de 21 m. et d’où la vue est très belle. Grand-Hôtel (en construction) ; Bellevue (tte l’année) ; Couronne (tte l’année) ; Globe et de la gare (1er mai-fin sept.) ; Glacier et Terminus (tte l’année) ; Mont-Blanc.

    Prévue le 9 septembre 1906, l’inauguration de la gare d’Argentière fait, elle-aussi, l’objet d’une délibération du Conseil Municipal, deux mois auparavant. Une commission est désignée pour se charger de l’organisation de la fête : Dévouassoux, adjoint spécial, Charlet Eloi, Simond Séraphin, Ravanel Pierre Joseph, Ducroz Joseph, Simond Edouard, maire, Couttet Jules, et Payot Michel, adjoints, Tairraz Jules, Claret Edouard, Ravanel Jean, Carrier Jean, Payot Jean Pierre, Démarchi.