Les Rhodos Chamoniards
Les fêtes, Les gens d’ici
La deuxième guerre mondiale terminée, il n’est donc pas étonnant de voir s’organiser, partout dans le monde, fêtes et réjouissances. Et c’est en juin, à l’époque de la pleine floraison des rhododendrons, que naît en 1946 la Fête des Rhodos et son défilé de chars fleuris dans les rues du bourg. Le joyeux bal costumé donné le soir au casino, les anciennes danses et les chants d’autrefois spontanément retrouvés dans les mémoires… et voilà bientôt créé, grâce à Charles Lugon, un groupe folklorique qui prend le nom de « Rhodos Chamoniards ».
Diaporama de l’article
Les danseuses
Le costume des danseuses (XIXe siècle) est très similaire à celui des groupes folkloriques de Haute-Savoie et on peut encore le voir sur des photos début XXe porté par nos aïeules pour la messe du dimanche.
De couleur sombre, la longue robe très ample est confectionnée dans un broché de soie orné d’une fine dentelle blanche au tour de cou et à l’extrémité des manches jabot. Le corsage, cousu à la jupe dans le dos seulement, est arrondi devant et rabattu sur le tablier.
Pour réhausser les teintes sombres de la robe, les danseuses portent un châle de soie claire ou de drap léger brodé selon des motifs anciens et terminé par de longues franges. On le fixe sur le devant de la robe à l’aide d’une broche. Pour se protéger du froid, nos grands-mères portaient une courte cape de velours noir rehaussé de pierreries.
La coiffe, la béguine, se décline en blanc ou noir : le blanc est réservé jeunes filles ou porté lors des jours de fête ; à l’inverse, on gardera le noir pour les femmes mariées. Actuelles mais authentiques, les béguines sont cousues selon les méthodes traditionnelles : plus de trente heures de travail, vingt mètres de ruban de tulle tuyauté formant plusieurs courtes bandes que l’on superpose ensuite et que l’on fixe sur le devant de la coiffe. Au dos de la béguine recouvert de dentelle est fixé un ruban retombant sur la nuque. D’autres coiffes, simples bonnets se portent lors de divers événements de la vie : fiançailles, deuil…
Les bijoux : Pour prouver leur attachement à leur terre natale, les danseuses portent autour du cou une croix de Savoie, parfois assortie d’un cœur.
La lingerie féminine : si les longues culottes fendues telles que portées par nos grands-mères restent discrètes, on admirera, au détour d’un pas de danse, le long jupon blanc, très ample, brodé ou orné de dentelles.
Les chaussures : aujourd’hui, les danseuses se chaussent de simples escarpins noirs garnis d’une fine boucle en métal argenté.
Les danseurs
Confectionné selon le modèle des vêtements portés par Jacques Balmat (vainqueur du Mont-Blanc le 8 août 1786 avec Michel Gabriel Paccard), le costume des danseurs se compose d’une longue veste, fendue sur les côtés, de couleur plutôt sombre, coupée dans un drap de laine et laissée ouverte sur un élégant gilet. Ce dernier, brodé de motifs aux couleurs vives, peut s’orner d’une chaîne de montre imposante, parfois sertie de pierreries.
Taillé également dans un drap de laine, le pantalon est serré au genou sur des bas blancs en laine du pays et de larges chaussures à boucle de métal argenté. En cas de neige et de froid, des guêtres en peau de chèvre, les sôcales, peuvent recouvrir les bas de laine.
Le chapeau rond en feutre rigide très épais, dispose d’un large bord protégeant de la pluie et de la neige. Détail esthétique : le ruban noir retombant sur le côté.
Signe distinctif : les danseurs des Rhodos Chamoniards, dignes descendants de Jacques Balmat, portent une corde et un piolet à l’épaule, les outils indispensables à la pratique de l’alpinisme !
Les jeunes danseurs et danseuses
Les vêtements portés par les bergers et bergères du XIXe siècle ont été choisis comme modèles pour habiller les jeunes danseurs et danseuses de la troupe.
Comme leurs aînés, les garçons portent un pantalon de couleur sombre serré aux genoux. Sur une chemise blanche à longues manches, se détache beau gilet aux couleurs vives.
Les filles sont habillées d’une jupe courte en drap léger de couleur claire. Un galon foncé en souligne l’ourlet. Leur corsage de coton blanc, à manches courtes, est dissimulé sous le châle (appelé aussi foulard) assorti au tablier de satin clair. Elles se coiffent d’un bonnet de coton blanc orné de dentelle, la serette.
La musique et les chants
Airs et chants traditionnels ne se soucient d’aucune frontière, aucun sommet, aucun gouffre pour passer, la plupart du temps par les alpages, d’un pays à l’autre. L’orchestre campagnard, royaume de l’accordéon, compte aussi la clarinette ou autre instrument à vent. On ne peut que regretter la disparition du violoneux qui animait les fêtes de village.
Les airs et les paroles des chants, recueillis chez les anciens, appartiennent désormais au patrimoine local que les Rhodos Chamoniards ont à cœur de transmettre.
La monfarine aurait été importée d’Italie par les soldats français entrant à Milan en 1796 tandis que la badoise, serait venue par les mercenaires allemands vers 1815 et la marletta, plus ancienne, très en vogue vers 1730 serait d’influence espagnole… Sans compter valses, polkas ou quadrilles passés de génération en génération, comme les chansons : Quand tu venais le soir chez nous, le Petit Jean, ou les filles de Chamouny, chant mimé contant les moqueries des damous (les garçons du haut de la vallée) pour les coquetteries des filles du bourg…
Photos d’archives des Rhodos Chamoniards
Texte et photos publiés avec l’aimable autorisation de la présidente, Christiane Guffroy