Manigliet, le chevrier
RUBRIQUE : L’agriculture, Les gens d’ici, Les métiers
Manigliet, célèbre chevrier photographié pour la postérité, dont la silhouette est reproduite en cartes postales, est employé pour mener à paître toutes les chèvres du pays.
Diaporama de l’article
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Jeune chevrier soufflant dans sa corne
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1924 – Chèvres à Planpraz
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1926 – Rentrée des chèvres le soir
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Au Lac Blanc !
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Argentière – Rentrée du troupeau
Manigliet, célèbre chevrier photographié pour la postérité, dont la silhouette est reproduite en cartes postales, est employé pour mener à paître toutes les chèvres du pays. Soufflant dans sa trompe en corne (de chèvre), il rassemble au milieu du village toutes les bêtes en un seul troupeau et monte, toujours jouant, vers les prés communaux. Seize années de service dans les armées du roi de Sardaigne lui ont laissé de curieux souvenirs. Aussi ne faut-il pas s’étonner d’entendre, alors que la vallée s’éveille à peine, résonner quelque air militaire accompagnant le départ matinal du bétail vers les pâtures.
Manigliet, personnage haut en couleur, possède d’indéniables connaissances médicinales ainsi que de réels dons de rebouteux. Mais, très solitaire, il préfère s’isoler afin de méditer à son aise et trouve refuge au sommet des Moussoux.
Très mystérieux, il entretient son auréole de prestige grâce à un secret : l’existence d’un immense trésor caché sous un gros rocher près de Vernayaz dans le Valais. Une grande dame y serait captive avec toutes ses richesses, monceaux d’or et de diamants, par une divinité malfaisante. Pour délivrer la prisonnière et recevoir le trésor en récompense, il faut réussir plusieurs épreuves, la plus importante étant d’être en parfait état d’innocence. Lorsque Manigliet se présente devant le bloc, il parvient à le faire bouger et entend même quelques soupirs. Il se trouve près du but mais se souvient soudainement des épouvantables jurons qu’il a proférés contre ses chèvres désobéissantes et qu’il a oubliés de déclarer en confession. C’est fini… Le bloc reprend sa place. Il ne bougera plus d’un millimètre. Manigliet jure qu’à partir de maintenant il mettra dans sa poche une pierre pour chaque péché afin de ne pas l’oublier à confesse.
Chevrier : un métier ?
Le métier de chevrier est difficile car les chèvres ont le goût de l’aventure et montent très facilement à de grandes altitudes. Elles reviennent à l’écurie quand leur humeur vagabonde cesse, mais si le temps est mauvais il faut leur éviter les atteintes du froid ou de la pluie car elles sont très fragiles. Leur lait est excellent. La tradition veut que dans quelques hautes vallées les nourrissons s’alimentaient directement à leur pis.
Les chèvres des Alpes tiennent le milieu entre le bouquetin et la chèvre domestique ; la chèvre alpestre est d’un gris roussâtre, avec une raie noire sur le dos ; elle a les joues ainsi que la barbiche brunes et une petite queue de la même couleur.
Pour la saison d’estive, ce petit bétail ne présentant pas d’intérêt pour les revenus en fromage de l’alpage, n’est que toléré par les Consorts. … lors de chaque inalpage de ladite montagne, l’on y pourra aussi mettre et garder une chèvre par chaque susdit fond de vache et son propriétaire, ce qui pourra produire par ce moyen le total de 72 chèvres. (…) Lesdites chèvres devront être écartées des pâturages des vaches autant qu’il sera possible pour ne leur être pas nuisibles… » « Les boucs aussi bien que les chèvres qui n’auront point de lait payeront dix sols par tête. Celles desdites chèvres qui n’auront pas une 1/2 livre de lait auront leur susdit lait et payeront chacune dix sols.
Pourtant, gourmandes de bourgeons et de feuilles tendres, elles participent activement au débroussaillage et peuvent se révéler précieuses.
Bibliographie : Les alpages à Chamonix par Joëlle Dartigue-Paccalet. Au Royaume du Mont-Blanc par Paul Payot