Poids Mesures Monnaies
RUBRIQUE : L’agriculture, Les commerces
Voici une petite promenade dans l’économie d’autrefois : poids, mesures et monnaies, de la plus petite unité à la plus grande.
Diaporama de l’article
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En 1784, extrait d’une liste de tarifs douaniers (Archives des Amis du Vieux Chamonix)
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Parmi les nombreux exemplaires des deniers
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Petit mémento permettant de comparer les anciennes et nouvelles mesures
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1730 Géomètre travaillant sur la table prétorienne
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Comment donner l’échelle d’un croquis
C’est le 26 mars 1791, qu’est défini et adopté en France le mètre-étalon de mesure de longueur comme la dix-millionième partie du quart du méridien terrestre. L’amorce du système décimal est lancée en France.
De son côté, et malgré son retour en Royaume de Piémont-Sardaigne, la Savoie n’attendra pas l’Annexion et 1860 pour, à son tour, opérer cette longue et difficile transition en système décimal des anciennes et très diversifiées mesures locales, qu’elles concernent les unités de longueur, de poids ou même les monnaies, pour la plupart encore en division duodécimale.
On doit, en effet, à Charles-Albert « Carlo Alberto di Savoia » (né à Turin le 2 octobre 1798 et mort à Porto (Portugal) le 28 juillet 1849), roi de Piémont-Sardaigne, la décision par Edit Royal du 11 septembre 1845 d’adopter, pour ses Etats, le système métrique décimal en usage en France depuis la Convention du 1er août 1793.
Dès lors, une Commission des Poids et Mesures est mise en place et établit des Tables de rapport des anciens poids et mesures du Royaume avec les poids et mesures du système métrique décimal. Il était temps ! Car, comment s’y retrouver, comment réussir les négociations, comment rester honnête lors des foires et marchés lorsque les bases de calcul varient d’une vallée à l’autre, d’une commune à l’autre ?
Voici une petite promenade au sein des poids, mesures et monnaies, de la plus petite unité à la plus grande.
Attention ! Il y a des pièges et l’on peut retrouver, sous le même terme : une mesure de poids et une monnaie (la livre), une mesure de surface et une mesure de capacité (le quartéron), une pièce de monnaie et son propre poids en métal (le marc)…
Les mesures de capacité ou de volume
Les mesures de capacité pour les céréales :
Les mesures de capacité des céréales sont réalisées grâce aux récipients (seau, bassine, panier…) dont le contenant a été dûment vérifié et étalonné.
– le picotin = 1,8 litre
– La quarte = 3,48 litres
– le quart = 4 quartes = 13,92 litres
– le quart de Genève = 20,12 litres
– le bichet = environ 30 litres, variable selon les régions
– l’octane ou la coupe = 4 quarts, soit 55,68 litres en 1897 à Chamonix
– la rasée
La mesure de capacité pour le charbon de bois :
– le muid = 24 octanes = entre 563 litres (à Evian) et 648 litres (à Abondance)
La mesure de capacité pour le bois de chauffe :
– la corde : mesure de bois à brûler que l’on prend, comme son nom l’indique, avec une corde et qui équivaut à peu près à quatre stères. La corde de Paris vaut 3,8 stères (25 livres), tandis que la corde de grand bois en vaut 4,4 et la corde de port 4,8.
Les mesures de capacité pour les liquides :
– la chopine = le quart-pot = entre 300 et 500 centilitres
– le demi-pot = 2 chopines
– la pinte = environ 1 litre selon les régions
– Le pot = 1,54 litre à Chamonix (1,74 litre à Sallanches, 1,94 litre à Servoz)
– le quarteron = 2 pots = 3 à 4 litres
– L’aycane = 6 litres environ
– le baril ou brindée ou brindon = 6 aycanes = 36 litres en Savoie
– le sétier = 8 pintes soit 50 litres environ
– La chevalée = 4 barils, environ 144 litres
– le muid ou mod = 18 hectolitres (265 litres à Paris)
– la barrique = 288 pintes, soit environ 270 litres
– le char = 12 setiers = 600 litres
– le tonneau = 864 pintes
– le foudre = 4 muids
– le picot
Les mesures de poids
– le marc, utilisé pour peser l’or et l’argent, principalement dans les hôtels des monnaies et chez les marchands de choses précieuses ou de petit volume.
– le denier peut être un terme de monnayage correspondant au tiers du gros ou la 24e partie de l’once et la 12edu marc. C’est le poids de la pièce de monnaie du même nom.
– l’once (douzième partie de la livre romaine) = 30,5 g
– la cuillerée = 2 onces 1/4 = environ 65 à 70 g
– le quartéron ou cartéron = 1/4 de livre
– la demi-livre
– la livre = entre 380 et 550 g
Si la livre, mot encore utilisé aujourd’hui chez le marchand de primeurs, désigne un demi-kilo, la livre d’autrefois reste très mal définie variant, selon les provinces, de 380 à 552 grammes. Sa subdivision elle-même varie : la livre de France vaut 22 onces soit approximativement 673 kg tandis qu’à Paris, elle se divise en 16 onces ; dans l’Ain et à Genève, elle en vaut 18 et à Lyon, elle n’en vaut plus que 12.
– le quintal = 100 livres, soit 550 kg ou 673 kg selon l’unité de départ (France ou Genève)
– le millier : moins courant dans nos régions, le millier représente mille livres.
– le tonneau, utilisé surtout en marine correspond en même temps à un poids (2 000 livres) et à un volume (40 pieds cubes)
La mesure de poids pour le fromage fabriqué en alpage :
– la bûche = 6 pièces de gruyère pesant entre 25 et 30 kg
Noter que pour la fabrication de chaque pièce de gruyère il faut 300 litres de lait, soit la production d’environ 50 vaches laitières.
Les mesures de longueur
Les mesures de longueur pour le scieur, le charpentier ou le menuisier :
– le point = 1/12 de ligne
– la ligne = 2,255 mm = 12 points
– le pouce = 12 lignes, soit environ 2,7 cm
– le pied = 12 pouces soit environ 33 cm (En France, le Pied du roi était l’unité de base et équivalait à 32,484 cm
– La toise = 6 pieds = environ 1,90 m
– la perche de Paris = 18 pieds (5,84 m), la perche ordinaire = 20 pieds (6,49 m), la perche d’arpent = 7,14 m. La perche est notamment utilisée par l’arpenteur pour réaliser ses bornages.
Les mesures de longueur pour les étoffes :
– l’aune = 1,19 m pouvant aller jusqu’à 1,40 m selon qu’elle est utilisée par le marchand ou par le tisserand (par exemple : 0,52 m à Strasbourg et 1,97 m dans le Dauphiné).
Entre 1812 et 1837, on créera l’aune métrique qui vaut 1,20 m.
Les mesures de distance :
– le trabuc (ancienne mesure du Piémont) = 3,08 m
– la lieue commune = 2 282 toises (soit 4,444 km) avec ses variantes :
– la lieue ancienne = 3,200 km
– la lieue des Postes = 2 000 toises (soit 4,288 km)
– la lieue de Savoie (ou grand mille de Savoie) = 4 pieds de Savoie = 2 500 trabucs de Piémont soit 7 700 mètres
– la course de poste = 2 946 toises de Savoie = 2 595 trabucs de Piémont = 8 000 mètres.
Les mesures de surface
– La toise-ligne (8 pieds x 1 ligne) = 6 mm2
– La toise-pouce (8 pieds x 1 pouce) = 8 cm2
– La toise-pied (8 pieds x 1 pied) ou le pied carré = 0,9 m2
– La toise carrée (8 pieds X 8 pieds) = 3,50 m2 à Chamonix mais pouvant aller jusqu’à 7,40 m2
– la perche carrée = l’acre (20 pieds x 20 pieds) = 49 m2
– le quartéron = 110 m2
– la fossorée = en culture, 3 à 3,5 ares. Dans la vallée de Chamonix, la plupart des terres cultivées ne dépassent pas 3 fossorées, c’est-à-dire environ 1 000 m2. Cette surface correspond, en montagne, à la surface d’une parcelle possiblement bêchée en une journée (le fasseu = mot patois désignant la houe).
– le demi-jour = environ 1 500 m2
– le journal de Savoie = 10 fossorées = 500 toises carrées : 2 948 m2 (et jusqu’à 3 700 m2 dans certaines communes). Cette surface correspond à la dimension d’une parcelle possiblement labourée par une charrue tirée par le mulet en un jour. Ceci explique les différences notables d’une commune à une autre, la différence venant de la difficulté à travailler la terre (plus ou moins pentue, plus ou moins caillouteuse…).
Les surfaces des terrains et leur valeur marchande :
Autour des hameaux, les champs et les prés dessinent leur quadrillage de petites parcelles de terre. Elles sont mesurées en pieds carrés, toises carrées, perches carrées, acres (ou arpents carrés), variable selon la perche utilisée. On remarque, lors des successions, que les carrés de potagers, les « courtils », situés près des maisons et des étables, sont protégés des vents de bise et reçoivent une bonne quantité d’engrais. Ce sont les parcelles les plus chères.
Cette évaluation par le Chapitre de Sallanches des biens de Chamonix donne une échelle de valeur bien différente de celle d’aujourd’hui : une maison ne vaut que 5 fois plus cher que 3 000 m2 d’alpage et vaut 4,5 fois moins cher que 3 000 m2 de jardin (courtil).
Maison : 200 Livres
Grange : 50 Livres
Four : 20 Livres
Journal de terre : 600 Livres
Journal de pré labourable : 400 Livres
Journal de pâture en plaine : 200 Livres
Journal de bois noir (forêt d’épicéas) : 20 Livres
Journal de jardin : 900 Livres
Journal d’alpage en montagne : 40 Livres
Vers 1760, 1 fond de vache : 60 à 90 Livres
Les monnaies
Les monnaies les plus couramment utilisées :
– le denier
– le sol ou sou = 12 deniers
– la Livre = 20 sols
– le batz = monnaie valaisanne valant 2,5 sols
D’origine bernoise et portant le dessin de l’ours sur l’avers, le batz ou bache se rencontre parfois au cours des négociations des habitants de Vallorcine avec leurs voisins valaisans proches. Il se divise en 4 kreutzer.
Il est difficile de se faire une idée de leur valeur exacte, plusieurs monnaies pouvant circuler simultanément. Par exemple, lors d’une vente à Charamillon de deux fonds de vache et des deux places correspondantes à l’écurie, le prix, 500 Livres de Savoie est payé avec :
– 4 pistoles d’Espagne valant chacune 16 Livres 12 sols et 6 deniers ;
– 10 louis neufs de France valant chacun 19 Livres 16 sols et 6 deniers ;
– 8 doubles pistoles neuves de Savoie valant chacune 24 Livres ;
– 12 demi-écus neufs de Savoie valant chacun 3 Livres,
– soit un total de 482 Livres et le reste en bonne monnaie (sic).