Yvonne Gubler, Docteur es Sciences en 1928
La nature, La science, Les gens d’ici
« Grande Dame » : le terme est lâché, récurrent dans tous les témoignages de ceux qui ont connu et cotoyé Madame Gubler.
Née à Lyon le lendemain de Noël 1903, c’est à Paris que Madame Gubler passera son enfance et sa jeunesse, fréquentant le collège Sévigné où, déjà, elle se fait remarquer par ses qualités intellectuelles mais aussi par son indiscipline…
Habituée toute petite à la montagne, puisqu’elle y vient régulièrement en vacances, Madame Gubler se fixera définitivement au Lavancher après une longue et magnifique carrière professionnelle.
L’article en images
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Légende photo :
2005 – Chalet-laboratoire de la réserve des Aiguilles Rouges
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Légende photo :
2005 – Intérieur de la maison de Mme Gubler au Lavancher : la « borne » traditionnelle, grande cheminée servant autrefois à fumer les jambons
« Grande Dame » : le terme est lâché, récurrent dans tous les témoignages de ceux qui ont connu et cotoyé Madame Gubler.
Née à Lyon le lendemain de Noël 1903, c’est à Paris que Madame Gubler passera son enfance et sa jeunesse, fréquentant le collège Sévigné où, déjà, elle se fait remarquer par ses qualités intellectuelles mais aussi par son indiscipline…
Habituée toute petite à la montagne, puisqu’elle y vient régulièrement en vacances, Madame Gubler se fixera définitivement au Lavancher après une longue et magnifique carrière professionnelle.
En effet, ses talents intellectuels la conduisent tout naturellement vers de hautes études scientifiques, et elle obtient, chose encore rarissime à cette époque-là pour une femme, un doctorat ès sciences en 1928 !
L’Indochine, le Maroc… ses pérégrinations professionnelles l’obligent à voyager beaucoup, à arpenter les sols et les sous-sols de la planète, à courir les montagnes du monde pour ses recherches en géologie. Elle accomplit, d’abord aux côtés de son mari puis, devenue veuve, seule, un travail hors du commun.
On dit d’elle qu’elle est une géologue enthousiaste, passionnante et infatigable dont le talent, le dynamisme et les connaissances lui ont valu la plus grande notoriété parmi ses confrères. Ces qualités seront largement reconnues de ses pairs et récompensées :
- 1942 : Direction du laboratoire de Société Nouvelle des Pétroles d’Aquitaine
- 1946 : Direction de la Division Sédimentologie de l’Institut Français du Pétrole.
- 1965 : Chevalier de la Légion d’Honneur par René Navarre.
- 1965 à 1969 : Conseiller Scientifique de la Division Exploration de l’Institut Français du Pétrole.
- Parallèlement : Professeur à l’Ecole Normale Supérieure du Pétrole…
Lorsqu’en 1972 Jean Eyheralde pose les prémices de ce qui sera la Réserve Naturelle des Aiguilles Rouges, il cherche quelqu’un de compétent pour l’aider : J’ai pu convaincre Madame Gubler de se laisser « embaucher ». Elle s’est aussitôt passionnée pour cette entreprise et ce fut le début d’une longue et fructueuse collaboration, parfois animée, toujours stimulante. Nous avons, par exemple tous les deux imaginé la formule « Le territoire de l’homme, c’est le sentier », convaincus qu’il fallait que l’homme puisse voir, toucher, sentir, marcher dans la nature pour mieux la connaître et, ainsi, mieux la respecter sans la traumatiser.
Madame Gubler apportera beaucoup à la Réserve des Aiguilles Rouges naissante. Son savoir et son autorité en matière scientifique lui permettront de s’entourer d’autres personnalités, créant de ce fait un vrai Comité Scientifique. Elle fait preuve de simplicité et d’humilité, mais on la sait si savante : Elle appartient à cette génération de géologues, remarquables naturalistes, qui s’intéressent à toutes les disciplines des Sciences de la Terre.
Résidente secondaire au Lavancher, l’ancienne ferme qu’elle a achetée voilà de nombreuses années devient un lieu de rendez-vous pour tous ses amis scientifiques, pour tous les amoureux de la nature. Elle y accueille également les étudiants qui, en stage d’été au col des Montets, souhaitent peaufiner leur méthode de recherche ou ont besoin d’un renseignement, d’un encouragement.
Pour elle, il n’y avait pas de savoir prédigéré. Elle voulait comprendre et, surtout, faire comprendre.
Après une vie de mère de famille attentive, après une carrière professionnelle largement remplie, Madame Gubler accomplit, au sein de la Réserve des Aiguilles, une troisième vie « professionnelle » en présidant le Comité Scientifique, en participant largement à la vie de la Réserve et en dispensant sans compter ses connaissances à qui lui semble intéressé, professionnel ou amateur, jeune ou moins jeune.
Une grande scientifique, une grande dame !